Podcast design sprint
Bienvenue sur ce Millenials Pognon Podcast je suis Damien Würsten et ensemble à travers des interviews avec des entrepreneurs, investisseurs ou crypto maximalistes on va comprendre comment fonctionne le monde de demain avec ceux qui bâtissent aujourd’hui.
On a la chance de discuter avec Stéphane Cruchon CEO de Design Sprint Ltd une société spécialisée dans le design sprint une méthode de workshops créée par l’incubateur de Google qui permet en moins d’une semaine d’aboutir en un prototype c’est
vraiment une super conversation que l’on a eue où l’on a notamment abordé les sujets suivants :
- Comment Stéphane est passé de designer employé à CEO d’une société pionnière dans le Design Sprint
- Qu’est ce que le design sprint parce que vous avez sûrement pas compris mon explication et Stéphane le fera beaucoup mieux que moi
- Comment a-il trouvé ses premiers clients alors que la méthode était pratiquement inconnue en Suisse
- L’importance de sa stratégie de contenus sur LinkedIn pour sa société
Et encore plein d’autres sujets allez on écoute :
Podcast
– Salut Steph merci de venir à mon micro donc avant
de commencer de parler de ton activité et de ta société Design Sprint Ltd, est ça est ce que
tu peux nous parler de ton background et qu’est ce qui t’a amené à la créer ?
– Merci beaucoup Damien pour l’invitation ça me fait très plaisir d’être là,
donc je m’appelle Stéphane Cruchon, – Steph Cruchon- vous me trouvez sous ce nom là sur LinkedIn et en fait je suis designer. On dit UX designer ça veut dire « user
experience designer », et je design et des produits, des expérience clients, beaucoup de produits digitaux, mais ça va bien au-delà de ça, le design ça peut être repenser des services complexes et des systèmes ou des expériences donc ça peut être assez global et puis mon background, ce que j’ai fait, ça s’appelait à l’époque « concepteur en multimédia » oui ça date, ça sonne un peu old school mais maintenant on appelle cela « interactive media designer » beaucoup plus classe. C’est une formation qui touche à tout dont le multimédia à l’époque, ensuite après j’ai fait plutôt du design du graphisme, ensuite du code front-end dans des grosses agences web, j’ai bossé environ 6 – 7 ans pour des très gros sites horlogers, ou le World Economic Forum, de grosses plateformes comme ça…
Donc dans le web au départ, puis de fil en aiguille, j’en suis venu à faire de plus en plus de design UX donc d’expérience pour des sites web et d’applications mobiles.
– Donc tu étais dans la première vague d’UX designers alors ? Parce que c’est récent
– C’est assez récent ce métier en Suisse oui, mais quand même, qu’on se le dise, l’UX est apparu aux States il y a une vingtaine d’années
quand même, après c’était extrêmement niche, au départ c’était seulement des toutes grandes boites tech genre Google ou Facebook qui utilisaient les services des UX Designers.
– Et puis ça s’est démocratisé avec le temps, en suisse c’est venu comme d’habitude plus tard (comme pour tout le reste en Suisse), mais oui j’étais dans les premières volées dans les premières dans les premiers UX et maintenant j’ai quand même 15 ans d’expérience dans le design digital dans l’UX etc… et c’est ce qui m’a conduit en fait assez naturellement à créer Design Sprint SA à partir d’un méthode d’UX en fait qui s’appelle le design sprint.
– Donc tu as tes années d’expérience avec de gros sites web et après c’est à quel moment que branch out pour créer ta propre société ? A quel moment tu te dis « maintenant je pars tout seul je dois être mon propre patron »
– Il y a eu plusieurs déclics, je pense à des moments assez important aussi…
je pense que j’ai toujours eu un problème avec l’engagement, dans le sens, être à 100% employé. J’ai toujours été un entrepreneur, pour moi ç’a toujours été assez difficile d’être complètement employé, parce que j’avais toujours un peu des side-projects des choses que je voulais faire de mon côté, donc en fait j’ai rarement été employé à 100% j’avais toujours une petite part de freelance depuis le départ c’était un peu ma soupape, et puis j’aimais aussi travailler sur mes propres projets et après de fil en aiguille j’ai travaillé dans des très dans le web je suis parti travailler dans un super bureau d’architecture et de design sur fribourg, on travaillait pour les applications d’une grande banque, c’était hyper intéressant là j’ai pu rencontrer des architectes, et puis aussi d’autres manières de travailler, donc c’était plutôt l’expérience petit studio. Et puis après j’ai été engagé (je ne vais pas dire de nom) mais dans un dans une énorme structure, très connue en fait comme senior UX Designer. Et je ne me suis pas du tout plu, c’est à dire que je suis arrivé au bout d’une semaine je savais qu’il fallait que me casse.
j’avais l’impression d’être dans les seventies quoi, c’était incroyable et je me suis dit il faut absolument que je m’éjecte il faut que je parte, puis ça faisait un moment déjà que j’avais ce projet de démarrer ma propre structure.
J’avais déjà découvert le design sprint et je me suis dit
là il y a un truc à faire, c’est en 2015, je me suis dit : personne ne le fait en suisse, personne n’en a jamais entendu parler, et du coup je me suis je me suis lancé. 1er janvier 2016 officiellement j’ai lancé ma boîte.
– Parle nous de cette méthode, le « Design Sprint » que vous utilisez dans ta société ?
OK alors le truc compliqué comprendre c’est que ma société s’appelle Design Sprint SA (Design Sprint Ltd) et on fait du design Sprint et on est archi spécialisés là-dedans. Le Design Sprint c’est probablement le trend le plus « hot » dans le domaine de l’UX Design, c’est probablement aussi la méthode d’innovation qui intéresse le plus de monde à l’heure actuelle. Pourquoi ? parce que c’est une méthode
d’innovation qui au départ était secrète qui a été développée chez Google ventures,
l’ accélérateur de start-up de Google, entre 2011 et 2015. Donc c’était utilisé vraiment dans le plus grand secret à l’interne de chez Google et puis en 2015 ils ont commencé à parler un peu de leur méthode, de comment ils travaillaient, de comment il avaient créé ce workshop qui est très tendu, qui dure cinq jours, comme un bootcamp en fait.
Durant cette semaine, on passe de « on a un problème ou une vague idée super floue » à « on va travailler ensemble, on va s’aligner sur les idées et construire un prototype réaliste » et ensuite on fait des tests sur ce prototype. En fait c’est un travail qu’on ferait normalement pendant plusieurs années, ou plusieurs mois, et on est capables de le condenser en cinq jours ça va extrêmement vite, car les bonnes personnes sont là.
J’aime bien comparer le Design Sprint à la haute montagne dans l’UX, c’est ce qui est le plus dur à faire mais c’est aussi le truc le plus excitant. Donc beaucoup de
personnes en parlent à l’heure actuelle, et le succès de la méthode est apparu car elle a été popularisée par le livre de Jake Knapp « Sprint », allez voir sur Google ou Amazon et tapez « sprint » ou « design sprint » et vous allez tomber sur un livre bleu. Jake Knapp, alors designer chez Google Ventures a inventé la méthode et il est l’auteur du livre.
Je me suis lancé avant que le livre existe,
– Ah ouais justement je regardais les dates, tu t’es vraiment lancé très tôt
– En fait le truc c’est que je suis arrivé sur ce nom, ce concept de design sprint de par mes expériences passées, parce que je travaillais en agile, on faisait des sprints agiles avec des développeurs et j’étais designer, et du coup j’avais déjà le nom de domaine, pour un projet perso. Un jour que je tape le nom de domaine design sprint dans google pour trouver mon site et je tombe sur une page beaucoup plus récente qui est
gv.com.com/sprint/ ,« le design sprint » et là je découvre ça courant 2015 et je fais wow, mais c’est quoi ce truc… et je lis et je me rends
compte à quel point c’est puissant, c’est un peu l’arme secrète, il y avait ce nom qui revenait toujours Jake Knapp : et moi j’ai fini par lui écrire mi 2015. Jake me répond et trouve super cool que j’aie envie de faire des Design Sprints en Suisse, il me dit que j’ai le droit d’en faire et il me dit en plus qu’il est en train de publier des articles sur le blog de Google Ventures (GV) qui deviendront un livre. Donc en fait, courant 2015 et on était déjà en contact via email etc il m’a bien sûr donné l’autorisation de me lancer en utilisant cette méthode c’est
du coup le livre sort en mars 2016 et puisque j’ai pas dit avant mais qui est très important c’est que le livre devient un des livres les plus influents dans le domaine de l’user expérience design (UX) de ces dernières années, et devient un best-seller du New York Times. Donc pour moi c’était un vrai cadeau, une vraie chance.
Je m’attendais au succès de la méthode, parce que ça fait très longtemps que je suis
dans le game mais je ne m’attendais pas à ce retentissement, cet impact.
– Le livre est aussi arrivé au bon moment en fait, parce que le problème quand on travaille des designers, moi en tant que client, c’est toujours hyper difficile pour moi d’exprimer ce que je veux, avec des mots, c’est hyper aussi frustrant des fois quand pour le designer parce que c’est
difficile pour lui de capter exactement ce qu’on doit faire et justement avec ce design sprint on s’aligne. Quand j’ai lu le livre je me suis dit, alors ça c’est incroyable parce qu’on peut arriver à un prototype à une vitesse qui est aussi rapide, et là on peut tout de suite voir si ça fonctionne ou pas. Je trouve ça hyper puissant en fait comme méthode.
Je me suis dit ça va révolutionner quoi… et cinq ans c’est le cas.
– Clairement, et je pense tu mets le doigt sur tellement de choses qui sont hyper importantes en fait, la première chose c’est que quand on parle de design ici ou de UX design on parle pas de faire des jolies cartes de visites ou de jolis logos, là c’est vraiment l’acte de design et
de repenser des produits, des systèmes, dé-risquer des idées… j’ai un peu une théorie c’est que tout ce qui était simple à designer, en fait, ça a été fait. Maintenant n’importe peut lancer une App plus ou moins facilement. Donc à chaque fois qu’il y a un besoin, il y a un outil qui est créé.
En fait tout outil qui peut être créé par deux mecs dans un garage, en 2020 ça a été fait à mon sens, par contre ce qui n’a pas encore été fait c’est tout ce qui est compliqué ; je pense beaucoup au domaine de la Santé par exemple où y a des trucs bien compliqués à régler, des choses qui n’ont pas été digitalisées. On a vu pendant la crise du COVID-19, l’Office fédéral de la santé public en Suisse demandait que les cas de COVID soit signalés en envoyant des fax à l’ancienne. Et on voit à quel point les domaines de
l’administration, des gouvernements, de la santé… n’ont pas été numérisés, digitalisés et on est seulement en train d’attaquer ces problèmes là.
Tu ne peux pas demander à un designer qui a 22 ans qui est dans son agence « tiens règle moi ce problème d’interface médicale » pour faire ça, c’est juste beaucoup trop complexe et le mec il connaît pas le métier. Donc quand j’ai vu le Sprint, c’est vraiment la puissance du format : tu te mets 5 jours avec les personnes qui sont les meilleurs experts au monde de ce domaine là, et toi en tant que Designer, tu amènes bien sûr tes connaissances du processus de design mais tu travailles avec les meilleurs experts sur leurs produits, dans le plus grand secret, et c’est ça qui rend le truc vraiment puissant et c’est ça qui fait gagner autant de temps, c’est qu’en fait il y a les bonnes personnes qui sont impliquées.
– Donc toutes ces personnes qui ont une connaissance pointue de la problématique pourront amener leurs propres inputs. Cette petite team commando passe cinq jours ensemble sur dans cet espèce de bootcamp après ça peut sortir des choses assez incroyables. En fait ça me rappelle ce que faisait IDEO aux Etats Unis, le Design thinking mais en plus actionnable.
– Le Design Thinking c’est IDEO qui le popularise à Stanford University,
philosophiquement c’est le même principe, recherche, ideation, prototype et tests, tu travailles avec des équipes pluridisciplinaires etc, en fait le Design Thinking est plus connu que le Design Sprint.
Le problème avec le Design thinking, c’est que même si la philosophie est excellente, il n’y a pas une recette précise, une recette qui te dit comment engager les personnes.
Justement le Design Sprint amène cette structure en fait dans le processus de création donc en fait comme tu le dis, Jake Knapp s’est inspiré du travail d’IDEO,
Il a compris comment appliquer le Design Thinking, et les bonnes pratiques d’UX
design mais il en a fait un workshop qui du coup, devient beaucoup plus facile à intégrer dans toute entreprise parce qu’il dure que cinq jours et tu peux aussi intégrer des
des gens importants dans des grosses sociétés.
-J’imagine que c’était compliqué de vendre ce Design Sprint surtout pour des gens
Qui ne connaissaient pas au premier abord , comment tu as pu vendre tes premiers designs sprints ? Je trouve ça assez incroyable, en 2016 tu as ouvert la société alors que ça n’était pas connu et tu as dû convaincre des sociétés de te donner de l’argent pour que tu puisses organiser leurs design sprints, ça a pas dû être facile !
– Non, c’est clair mais je pense que ça c’est le chemin de tout entrepreneur surtout pour le coup j’étais vraiment en avance, donc en
fait je devais en même temps lancer un business à partir de rien et en même temps
faire connaître et la méthode, donc après j’ai eu je pense quelques fois des coups de chance mais c’est aussi énormément de travail donc des choses qui ont plaidé je dirais en ma faveur et qui m’ont aidé c’est que j’avais tout un background en fait de dix années d’UX Design et des clients qui me connaissaient.
– J’avais déjà un réseau et je ne sortais pas de nulle part, et puis quand je suis venu vers ces personnes que je connaissais qui était parfois des
managers assez important je leur disais « hé ça c’est le futur regarde ce truc là» et ils m’écoutaient. C’est déjà une des premières choses qui étaient importantes la deuxième c’est que j’ai pu très rapidement prouver les résultats donc j’avais des choses à montrer et ça je pense que je recommande ça à tout entrepreneur « prouve ta valeur, montre des résultats concrets le plus vite possible et ne reste pas dans powerpoint » et après, l’énorme chance c’est bien sûr d’avoir Jake Knapp derrière, qui sort le livre qui devient un succès mondial et puis aussi, j’ai été invité très tôt chez Google en fait. Google ils ont organisé des conférences dédiées au design sprint et j’ai été invité en 2017 chez eux à San Francisco. On était juste 100 participants.
– Ah ouais, ça donne une certaine autorité en fait pour dire « regarde la photo de moi à google mec »
– Ahah, c’est vrai, le truc cool, c’est que ce n’était pas des conférences publiques mais des conférences sur invitation. On n’était que 100 du monde entier
dont 50 googlers, et c’est là bas que j’ai rencontré Jake en chaire et en os. On s’est hyper bien entendus et ça c’était vraiment le game changer, on est maintenant carrément devenus amis ce qui n’était pas du tout prévu au départ, et ça nous a permis de faire plein de choses avec lui, on a fait des workshops en suisse, à Paris, on en refera et ça nous a permis aussi de côtoyer je dirais les meilleurs dans cette méthode là mais aussi les meilleurs designers au monde tout court.
Des gens de chez Google, Apple, Microsoft, Airbnb, LinkedIn, Facebook…
c’est des personnes qu’on connaît personnellement parce que j’ai eu la chance d’être invité là bas.
ah ouais donc ça ça t’ai bien aidé niveau autorité puis après pour aller vendre les design sprint. Il y’a aussi un truc pour ton business c’est que ça peut
marcher pour tout type de société mais aussi pour les grosses sociétés et ce genre de truc c’est cool parce déjà ils ont de l’argent donc ils peuvent te payer, donc c’est toujours mieux et surtout ils voient vraiment des projets faire des bonds en avant alors qu’avant ça prenait des années à sortir et je pense que pour ces grosses sociétés qui sont va dire, ankylosé dans leur processus, le design sprint ça peut leur apporter un booster est ce que c’est ça que tu vois aussi ou je me trompe ,c’est plutôt des start up qui l’utilisent ?
Non tu as absolument raison fait, quand tu lis le bouquin de Jake, il parle de start-ups
À Google Ventures, mais qu’on se le dise : les start up de l’époque avec lesquels il a travaillé c’était Slack, Uber
– Ouais ils avaient déjà levé des millions, si ils étaient chez Google Ventures, ça allait déjà bien pour eux. Donc Slack etc c’est déjà les toutes belles startups.
Le design sprint très utile en fait pour tout type de start up mais clairement là où les intérêts sont les plus grands et les plus importants je dirais c’est dans les grandes entreprises (corporates). On est en 2020, on sort de ce Covid… enfin j’en sais rien, mais j’espère qu’on en sort est tout le monde, dit que le remède au Covid c’est l’Innovation, c’est génial faut innover, il faut innover… mais les gens parlent d’innovation ; disent qu’il faut innover mais pour de vrai ils font quoi ?
– On va se dire la vérité : ils ont aucune idée de comment innover.
– Ils utilisent le mot « innover » c’est peut-être une ligne sur un budget quelque part, et c’est une envie, mais concrètement comment on
Innove ? Hé ben là ,nous on vient avec le Design Sprint, un savoir-faire, une méthode qui est qui a fait ses preuves avec des prototypes etc… En fait plus j’avance, plus je me rends compte d’une chose c’est que l’innovation c’est à moitié de la méthode mais c’est aussi le rythme. C’est amener l’énergie en fait…
Oui l’intensité, c’est comme passer du liquide aux solide pour l’eau. Il faut qu’il y ait une intensité et là ça va créer quelque chose de nouveau. Si on veut pas d’intensité il y aura jamais d’innovation.
– Exactement et ces entreprises qui sont dans leur routine, dans leurs processus et puis ils ont une journée type alors ils s’envoient des emails, font un meeting et travaillent sur des projets en même temps pendant la même journée et c’est en fait il y à un rythme qui est de base très long, et puis un vrai manque de focus en fait que le design sprint va venir court-circuiter.
Ca ne veut pas dire que tu dois travailler que en design sprint, c’est de la folie, moi je le fais mais je ne le conseille à personne, par contre pour une entreprise tu te dis une fois par quarter ou tous les six mois, … on se pose une semaine et on réfléchit sur un grand projet ou sur une milestone on se donne quelques jours pour se focaliser uniquement
là-dessus. Et c’est comme ça que tu peux lancer des trucs importants.
– Est-ce que tu aurais un exemple avec l’un de tes clients que tu pourrais partager avec nous ?
– Pas souci, j’ai tellement d’exemples !
On a travaillé par exemple avec la société Autodesk qui font les logiciels de 3D (Maya, 3DsMax) d’architecture comme Autocad ou Archicad, ou le BIM. Ce sont les leaders des logiciels architecture dans le monde. Et ils avaient un gros problème, à ce moment là ils avaient de 120 produits qui étaient traduits en 18 langues ce qui les rendait beaucoup plus lents que les start up parce qu’en fait dès qu’ils lançaient une nouvelle fonctionnalité elle devait être traduite en 18 langues et ces traductions ils
travaillaient avec des mecs dans le monde entier. Ils extrayaient les champs de textes, et les intégraient à la main dans des feuilles excel, ils n’avaient pas trouvé mieux…
Et on a designé en 5 jours un outil maison pour leur permettre de streamliner ce processus. De gérer toutes leurs traductions au niveau de tous leurs produits.
Sur ce genre de sprint, le ROI il est juste énorme. Ça c’est un exemple très concret.
On a fait des sprints sur des sites, sur des produits digitaux bien sûr, mais aussi sur de la
Stratégie, de la réorganisation d’entreprise, on a fait des sprints sur de l’architecture aussi -repenser entièrement un étage d’un bâtiment- en co-créant avec l’équipe.
Je dirais aussi qu’il y a un trend qui émerge vraiment c’est tout ce qui est lié à
l’écologie et le sustainable.
les entreprises disent plus seulement qu’ils veulent être sustainable pour faire du greenwashing mais pense vraiment à le faire pour de vrai. Ca c’est compliqué, comment tu deviens sustainable pour de vrai, qu’est ce que ça implique, et puis là il ya
vraiment tout un des choses vraiment très intéressante à explorer. On est vraiment dans
d’exploration donc on a fait pas mal de sprint sur ces sujets. On a fait aussi des sprints avec
des start ups, Climeworks par exemple qui est une start up Zürich l’une des plus
intéressantes Suisse. Ils ont créé une machine qui capte le CO2 dans l’atmosphère. On a fait des sprints avec eux il y a maintenant un an et demi et c’était hyper intéressant. Ils viennent d’une culture très « ingénieurs ETH de Zurich » ils construisent des machines high-tech… Mais ils ne faisaient pas de workshops de prototypage ou de design. Et ça vraiment changé leur façon d’aborder, ou de penser leur machine leur façon de prototyper. Et maintenant ils ont une culture qui était déjà intéressante mais qui est encore plus intéressante. Ils viennent d’ailleurs de lever 100 millions ce qui n’est pas rien quand même, pour une startup
suisse, c’est pas que grâce au design sprint (rires), mais je pense que ça les a aidés parce qu’il
abordent les choses avec peut-être plus de fluidité, il acceptent de prototyper de choses plutôt de construire. C’était hyper intéressant.
– Effectivement ça illustre bien la puissance du design sprint, et maintenant j’aimerais un peu revenir sur ton
parcours d’entrepreneur, donc tu as donc lancé ta société en 2016 et tu as mis combien de temps avant de te dire « là j’ai tiré la langue mais ça commence à bien fonctionner » ?
– On tire toujours la langue Damien (rires)
Mais aujourd’hui on est on est trois à temps plein, on travaille avec d’autres
personnes aussi qui sont autour de nous. j’aurais pu être plus grand et scaler plus si je voulais, mais on a décidé de rester petits parce qu’on est plutôt à chercher des partenariats avec d’autres qu’à vouloir être une agence qui fait tout.
Typiquement, le design sprint c’est le début d’un projet et puis après l’idée, c’est qu’on va pas exécuter le projet jusqu’à la fin, nous-mêmes.
On va plutôt travailler des partenaires qui eux vont faire la partie réalisation du projet
et nous on est concentrés que sur le Sprint.
Et puis c’est le choix en fait de rester petit mais très seniors, qui n’a rien à voir avec les finances mais qui est plutôt un choix stratégique, ça nous permet de resister beaucoup mieux pendant cette crise du COVID-19, que d’autres qui ont engagé à 50
personnes.
Et alors tu me demandais à quel moment j’ai sentis que ça commençais à marcher ?
Je pense que j’ai eu de la chance parce que je me lance en 2016, j’avais prévu de ne pas pouvoir en vivre du tout pendant une année, donc j’avais un petit peu d’économies qu’il permettait de survivre pendant une année, et puis j’ai eu un enfant à ce moment là aussi, et puis au bout de je pense quatre mois j’ai commencé à pouvoir me sortir un salaire.
– Ahh ouais ! Ca a été rapide, tu as pris le bon trend au bon moment, c’est cool !
-Oui, en tous cas les premiers design sprints sont arrivés assez tôt ça m’a permis de tourner à ma toute petite échelle, j’étais indépendant, j’étais freelance, et puis après ça après ça a été de mieux en mieux…
– Alors ben voilà on a pris le COVID-19 en pleine face comme tout le monde, donc là c’est pas une très belle année pour l’instant, mais je pense qu’on s’en sort beaucoup mieux que d’autres, bien sûr et voilà je suis très positif sur la suite parce que je pense qu’on répond vraiment à un besoin, surtout que maintenant on est capable de faire le workshop et ça je n’ai pas dit, -mais c’est très important- on a développé une pratique du design sprint. Le Remote design sprint, donc maintenant on peut faire des sprints de cinq jours entièrement à distance au moyen d’outils genre Miro ou Mural qui sont des white board virtuels et on peut faire des sprints dans le monde entier et ça c’est quand même génial. J’ai pu faire des sprints avec des gens en Afrique, aux Etats unis et peut-être bientôt en Asie et c’était juste quelque chose que je n’avais jamais vraiment exploré.
– Mais ça c’est énorme pour toi, le fait d’être petits et vous pouvez être hyper spécialisés donc vous avez un super knowledge là dedans. Vous pouvez toucher tout le monde terre et ça ça change complètement du bassin romand , ça donne une autre dimension.
– C’est clair ça pose aussi d’autres problèmes parce qu’on opère depuis la suisse on a peut-être aussi des tarifs suisses…
– Oui mais si tu es le meilleur, ils sont d’accord de payer (rires)
– Et voilà c’est clair ! Exactement, non mais c’est vrai, je pense
qu’on a on aussi une qualité suisse et les gens aiment travailler avec nous parce que mener ces sprints de 5 jours c’est quand même pas une mince , on sait le faire, et on le fait très bien. Avant on a parlé d’à quel point c’est difficile de libérer une personne importante plusieurs jours et si tu leur demandes ce temps, il faut que derrière le workshop il défonce quoi (rires) il faut que ça marche !
Donc je pense que c’est aussi pour ça que qu’on nous appelle et puis ce COVID ça a été pour nous une sorte de chance, puisque ça nous a challengé être capables de faire nos workshops dans le monde entier, en temps réel.
En fait, je suis en train de comprendre tellement de choses que le fait de travailler en collaboration. Ce qui est important c’est travailler en LIVE, d’être dans le moment. Peu importe ta position géographique et où tu trouves, ou même le fait d’être dans la même pièce. Il faut créer ce moment où tu te sens connecté, être ensemble, même à distance.
– Et tu arrives à trouver la même intensité, le même résultat que lorsque tu es physique ou est ce que parfois il y a des temps morts ?
Alors, on arrive à garantir les mêmes résultats , parce que les outils numériques permettent d’accélérer les choses qui prennent du temps quand ils sont faits en physique, par exemple coller – décoller des post-it. C’est bête mais ça prend du temps.
Donc il y a des choses qui sont plus rapides online, mais ça amène aussi d’autres problèmes dans le sens où on doit faire des journées plus courtes parce que c’est fatigant d’être devant une webcam, on doit faire plus de pauses etc mais par contre quand tu réfléchis niveau confort de travail pour les gens, pas besoin de se déplacer, ils peuvent quant ils veulent prendre une pause. Tu arrêtes la webcam et tu vas prendre un truc dans ton frigo. Donc en fait les gens ils sont plus relax. Au final il y a du pour et du contre le full online. Là tout de suite, on est dans une situation un peu inédite parce que mes deux prochains sprints seront en physique et puis les deux suivants en remote, donc on est vraiment dans un espèce d’entre-deux. Et puis dans l’avenir je pense qu’on va faire vraiment un mix des deux et c’est ça qui est assez cool.
La vraie puissance du remote c’est que si tu as besoin d’un expert, tu peux les intégrer dans ton sprint même à distance et ça c’est génial.
– Je voulais parler d’un truc : je suis sur Linkedin et tu postes quand même énormément de contenu est ce que c’est quelque chose que tu as fait dès le début ? Quel est le retour sur tout ce contenu que tu crées parce que ça prend un certain temps à créer j’imagine ?
– Je dirais c’est un peu la différence entre la vie et la mort, enfin en 2020. Je pense que nous ce qu’on vend c’est du service, on se vend nous-mêmes finalement, on vend notre expertise. Et puis à l’heure actuelle avoir un joli site web quelque part même bien référencé sur google ça ne suffit plus en fait. Si tu vends des commodités genre des pièces et des boulons sur Amazon ou Zalando ça peut marcher, mais quand tu vends du service, les gens ils veulent savoir à qui ils ont affaire, et puis veulent un peu se connecter avec toi donc je pense que c’est venu naturellement. Je le fais de manière complètement désintéressée, c’est l’idée de partager notre quotidien de partager notre histoire parce que je crois que les gens sont intéressés à nous suivre et nous supportent. Plus tu es capable de montrer ce que tu sais faire, ils te contactent et voient que c’est vraiment toi derrière tu crées de la confiance.
Je pense que c’est important en fait, mais c’est aussi un peu ce que tu fais avec ton Podcast ?
– Oui je suis d’accord, je pense que la stratégie de contenu elle est obligatoire, de plus en plus on va éclater les grandes marques et tu vas acheter à des gens que tu connais et surtout encore plus des services comme le tiens qui ont un certain prix. Le type qui prend le risque de te faire venir dans sa société et il y aura le CEO et toutes les personnes importantes qui seront là, il se dit « Si le mec il foire, ça va me retomber dessus » du coup ce contenu permet de montrer ta personnalité (on voit que tu es un gars sympa)
– Merci
– Mais aussi ça va vraiment rassurer la personne au moment de l’achat mais après, c’est pas facile de créer ce contenu on a pas l’habitude de se filmer, les gens plus jeunes ont l’habitude avec ça mais pour les gens plus vieux à partir des millenials c’est quelque chose de nouveau. Il faut casser ça. Les gens ils ont parfois de la peine à comprendre ce switch
– Oui c’est vraiment clair, aussi on vit en suisse et on vient d’une culture où ça n’est pas bon de se montrer. Alors j’espère que je le fais bien :
quand je montre ma tête c’est pour raconter quelque chose, j’espère d’utile ou même, d’intelligent. En tout cas qui amène quelque chose et je vais toujours faire attention de ne pas être là pour être là juste pour faire plaisir à l’algorithme.
On essaie de créer du contenu qui a de la valeur ce qu’on arrive quand même un temps à faire de plus en plus naturellement parce que en fait pour être franc j’avais essayé au départ de faire des vidéos Il y a déjà deux ou trois ans mais je n’étais pas à l’aise devant la caméra j’ai pas du bon matos et c’était une bonne idée mais que j’avais vite abandonnée. Et puis maintenant ça fait cinq ans que je mène des design sprints et on a quand
même plein de choses à montrer on a beaucoup plus envie de le faire aussi et maintenant ça me vient naturellement je peux mettre devant une caméra tu me donnes un sujet tu me poses une question et je peux te faire une petite vidéo. C’est aussi pour ça que je réponds
volontiers aux invitations de podcasts -merci de m’inviter- parce que on est toujours dans une démarche où on doit expliquer ce qu’est le sprint.
– L’évangélisation
– Voilà ! Et je suis sincèrement convaincu que ce qu’on fait, ça peut vraiment
changer le monde dans le sens où le fait de travailler quelques jours avec les bonnes personnes dans le plus grand secret fait bouger les choses dans le bon sens. Cette collaboration proche c’est une culture qu’il faut acquérir.
– Et pour ta stratégie du contenu tu as une sorte de calendrier ou… ?
– Si seulement. Tu sais moi je rêve d’engager un Head of marketing ou un growth hacker, tu vois quelqu’un qui maîtrise ces trucs qui pourrait me faire un super calendrier, qui pourrait parler à ma place, qui pourrait mettre tout ça en place… mais on l’a jamais fait pour l’instant. Actuellement c’est vraiment fait naturellement, avec le cœur, c’est simplement quand j’ai un truc à dire je le dis, et puis voilà et vraiment je ne compte pas…
– Mais toi tu as réussi à trouver le bon rythme pour toi
Oui, je pense aussi, tu sais il y a un concept japonnais le ikigai : qu’est ce qui te fait plaisir, en quoi tu es bon et tu amènes de la valeur, pourquoi les gens sont prêts à te payer etc … et au milieu c’est ton ikigai. Moi je pense sincèrement que j’ai trouvé le ce que j’aime faire ces Design Sprints. On est bons là dedans et on apporte de la valeur. On crée quelque chose de positif. Et une fois que tu as trouvé ton ikigai, tu en parles très volontiers avec le plus grand – On va terminer le Podcast avec 3 questions ; la première c’est est ce que il y a un livre que tu as lu récemment ou un livre qui a vraiment changé ta vision sur l’entrepreneuriat ?
– Made to Stick, de Dan et Chip Heath. C’est un livre que je trouve vraiment , plus ou moins considéré comme un livre de psychologie ou d’UX user experience design , mais en fait ça va bien au-delà. Ça parle de comment certains idées survivent et d’autres meurent. Ils parlent beaucoup de la manière dont tu peux créer de l’attention chez les gens, qu’est ce qui fait qu’un truc qui va marcher puis l’autre truc qui va pas marcher… et c’est ultra intéressant
– C’est pas uniquement destiné aux designers, c’est un livre qui sera utile aux personnes qui font du marketing, qui écrivent du contenu, qui cherchent à attirer l’attention – dans le sens positif du terme- . Bref c’est un super livre.
– Excellent alors ma deuxième question : est ce qu’il y a un software ou un outil dont tu es tombé amoureux récemment ?
– Oui, en fait on a organisé récemment une conférence qui s’appelle Innovation Today (#itoday) en collaboration avec l’EPFL, et qui devait avoir lieu entièrement physiquement mais à cause du COVID on a dû repenser la conférence pour la faire en partie online. On a dû beaucoup apprendre et c’était hyper passionnant et on s’est formés à OBS qui est un outil libre de droit et gratuit qui permet en fait de capter des images et puis de faire des livestreams. C’est tellement cool. Le soft est moche et un peu brut, mais c’est très puissant et hyper créatif parce que tu peux
produire tes propres vidéos mais en live, y ajouter des effets et tout streamer live.
On a beaucoup joué avec ça ces derniers mois et pour moi c’est un peu la prochaine limite en termes de design j’ai eu vraiment le plaisir à découvrir cet univers, c’est un peu comme si je redécouvrais Photoshop mais pour de la video live.
– Ma dernière question : tu as quel âge ?
– J’ai 36 ans
– Moi 33
– On est des vieux milleniaux (rires)
– Donc ma vraie dernière question : est ce que pour toi réussir dans la vie financièrement c’est plus facile pour notre génération ou celle de nos parents ?
– Non c’est beaucoup plus dur… En fait je pense qu’il est beaucoup plus facile d’entreprendre, probablement, parce qu’il y a peut-être plus d’opportunités : il y a le digital c’est un terrain de jeu où l’on a un avantage indéniable parce que c’est plus de notre génération, donc les opportunités sont immenses, mais par contre pouvoir en vivre, en tous cas en Suisse, et avec une crise comme le COVID à l’heure actuelle tout te pousse à retourner dans une grosse entreprise avoir un salaire bien régulier et c est presque comme si on te dégoûtait de créer tes propres projets entrepreneuriaux. En tout cas en Suisse, c’est pas un excellent contexte en tout cas à l’heure actuelle.
– Oui en Suisse le terreau il est pas vraiment fertile pour être entrepreneur, parce qu’en tant qu’employé tu es déjà tellement bien. Tu te dis « mais au fait pourquoi je vais me tuer ? »
– Exactement, en fait tu risques beaucoup plus que dans d’autres pays qui encouragent bien plus l’entrepreneuriat. Après, une fois que tu arrives si tu arrives à lancer le truc, et que ça fonctionne, là tu peux t’éclater parce que tu as beaucoup moins de concurrence, on accède à des gens qui seraient inaccessibles dans d’autres pays parce que le pays est quand même un petit il y a beaucoup de headquarters qui sont ici et on peut accéder physiquement à ces personnes et du coup maintenant je dirais que nous à Design Sprint Ltd, on a un peu passé le , on a cinq ans d’expérience et des choses à montrer tout ça là je commence vraiment à m’éclater maintenant en Suisse. Mais le démarrage est compliqué ça c’est sûr.
– Comment les gens peuvent en savoir plus sur toi, le design sprint et ta société?
– Vous pouvez facilement aller sur Google vous tapez « design sprint » l’adresse c’est design-sprint.com vous me trouvez aussi sur LinkedIn, c’est là ou je suis le plus, sous le nom de « Steph Cruchon »
– Super merci beaucoup pour ton temps et à la prochaine Steph !